02/12/2025
VIH & jeunes : et si on changeait les codes ?
Infectiologie
Par Ana Espino | Publié le 2 décembre 2025 | 2 min de lecture
Le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) demeure une pathologie majeure de santé publique, en particulier dans les pays à forte prévalence, où il représente encore une cause importante de morbidité et de mortalité. Les jeunes, et plus encore les jeunes femmes, constituent une population particulièrement vulnérable. Ces derniers ont effet souvent du mal à accéder à des services de santé adaptés. De plus, beaucoup évitent le dépistage ou les soins, par peur d’être jugés ou à cause de barrières comme la distance, le coût ou un mauvais accueil. A cela se rajoute le fait que les services actuels sont mal adaptés. Ils sont trop séparés entre VIH et santé sexuelle, peu flexibles, peu accessibles, et rarement pensés pour les jeunes.
Face à ces limites, de nouvelles approches cherchent à proposer des soins intégrés, simples et gratuits qui faciliteraient le dépistage, amélioreraient la prévention, et accompagneraient les jeunes vers les soins si besoin. C’est dans ce cadre que l’étude CHIEDZA a été menée. Elle visait à tester un modèle communautaire intégré combinant services VIH et SRH, pensé pour les jeunes de 16 à 24 ans, afin d’évaluer son impact sur l’accès et l’adhésion à ces services.
L’étude repose sur un essai randomisé, mené dans trois provinces, avec 12 clusters ayant bénéficié d’une intervention communautaire mobile pendant 30 mois. Des centres dédiés aux jeunes ont proposé des services gratuits, sans rendez-vous, incluant le dépistage du VIH, la contraception, les protections menstruelles, les préservatifs, des soins de santé primaire ainsi qu’un accompagnement psychosocial. Au total, 36 991 jeunes âgés de 16 à 24 ans ont participé, générant 78 809 visites.
Le programme a montré une forte acceptabilité, avec 84 % des jeunes ayant accepté un test VIH. En moyenne, chaque visite a permis d’accéder à trois services. Les jeunes femmes ont principalement sollicité :
Les jeunes hommes ont surtout eu recours à :
À l’inverse, l’auto-dépistage du VIH a été très peu utilisé, ce qui révèle une préférence marquée pour le test encadré par un professionnel. Ce choix traduit un besoin fort d’interactions humaines rassurantes dans un contexte de dépistage.
La prise en charge du VIH chez les jeunes reste un défi majeur, tant sur le plan structurel qu’opérationnel. En l’absence de services réellement intégrés, accessibles et adaptés à leurs réalités, une grande partie de cette population reste à l’écart du dépistage, de la prévention et des soins.
C’est dans ce contexte qu’a été lancé le projet CHIEDZA, avec pour objectif de proposer une offre communautaire, gratuite et sans rendez-vous, centrée sur les besoins concrets des jeunes. Cette approche, mobile et non stigmatisante, a montré qu’il est possible d’améliorer significativement l’accès aux services VIH/SRH en créant un environnement bienveillant, soutenu par des pairs, et combiné à des offres utiles et attractives — telles que les protections menstruelles, les antalgiques ou la contraception. L’étude confirme ainsi que l’intégration des services VIH et de santé sexuelle dans un même espace, adapté à la jeunesse, favorise l’engagement et la fidélisation.
Néanmoins, plusieurs limites subsistent – faible représentation masculine, absence de données comportementales, soutien en santé mentale, etc. – et soulignent la nécessité de poursuivre les recherches et d’élargir les interventions. Les prochaines étapes devront inclure l’adaptation du modèle CHIEDZA aux jeunes hommes, l’intégration de la PrEP et de la PEP dans l’offre de services, le renforcement du soutien en santé mentale, ainsi que l’inscription durable de ce type de programme dans les politiques nationales de santé publique, pour garantir une prise en charge continue, équitable et pérenne des jeunes face au VIH.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
Le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) demeure une pathologie majeure de santé publique, en particulier dans les pays à forte prévalence, où il représente encore une cause importante de morbidité et de mortalité. Les jeunes, et plus encore les jeunes femmes, constituent une population particulièrement vulnérable. Ces derniers ont effet souvent du mal à accéder à des services de santé adaptés. De plus, beaucoup évitent le dépistage ou les soins, par peur d’être jugés ou à cause de barrières comme la distance, le coût ou un mauvais accueil. A cela se rajoute le fait que les services actuels sont mal adaptés. Ils sont trop séparés entre VIH et santé sexuelle, peu flexibles, peu accessibles, et rarement pensés pour les jeunes.
Face à ces limites, de nouvelles approches cherchent à proposer des soins intégrés, simples et gratuits qui faciliteraient le dépistage, amélioreraient la prévention, et accompagneraient les jeunes vers les soins si besoin. C’est dans ce cadre que l’étude CHIEDZA a été menée. Elle visait à tester un modèle communautaire intégré combinant services VIH et SRH, pensé pour les jeunes de 16 à 24 ans, afin d’évaluer son impact sur l’accès et l’adhésion à ces services.
Qu’est-ce qui fait vraiment venir les jeunes ?
L’étude repose sur un essai randomisé, mené dans trois provinces, avec 12 clusters ayant bénéficié d’une intervention communautaire mobile pendant 30 mois. Des centres dédiés aux jeunes ont proposé des services gratuits, sans rendez-vous, incluant le dépistage du VIH, la contraception, les protections menstruelles, les préservatifs, des soins de santé primaire ainsi qu’un accompagnement psychosocial. Au total, 36 991 jeunes âgés de 16 à 24 ans ont participé, générant 78 809 visites.
Le programme a montré une forte acceptabilité, avec 84 % des jeunes ayant accepté un test VIH. En moyenne, chaque visite a permis d’accéder à trois services. Les jeunes femmes ont principalement sollicité :
- les protections menstruelles (95,4 %),
- les antalgiques (59,9 %),
- les contraceptifs (35,9 %).
Les jeunes hommes ont surtout eu recours à :
- la distribution de préservatifs (93,9 %),
- le dépistage du VIH (85,6 %),
- les SMS d'information sur la santé sexuelle (67,1 %).
À l’inverse, l’auto-dépistage du VIH a été très peu utilisé, ce qui révèle une préférence marquée pour le test encadré par un professionnel. Ce choix traduit un besoin fort d’interactions humaines rassurantes dans un contexte de dépistage.
Des soins à leur image, un impact durable ?
La prise en charge du VIH chez les jeunes reste un défi majeur, tant sur le plan structurel qu’opérationnel. En l’absence de services réellement intégrés, accessibles et adaptés à leurs réalités, une grande partie de cette population reste à l’écart du dépistage, de la prévention et des soins.
C’est dans ce contexte qu’a été lancé le projet CHIEDZA, avec pour objectif de proposer une offre communautaire, gratuite et sans rendez-vous, centrée sur les besoins concrets des jeunes. Cette approche, mobile et non stigmatisante, a montré qu’il est possible d’améliorer significativement l’accès aux services VIH/SRH en créant un environnement bienveillant, soutenu par des pairs, et combiné à des offres utiles et attractives — telles que les protections menstruelles, les antalgiques ou la contraception. L’étude confirme ainsi que l’intégration des services VIH et de santé sexuelle dans un même espace, adapté à la jeunesse, favorise l’engagement et la fidélisation.
Néanmoins, plusieurs limites subsistent – faible représentation masculine, absence de données comportementales, soutien en santé mentale, etc. – et soulignent la nécessité de poursuivre les recherches et d’élargir les interventions. Les prochaines étapes devront inclure l’adaptation du modèle CHIEDZA aux jeunes hommes, l’intégration de la PrEP et de la PEP dans l’offre de services, le renforcement du soutien en santé mentale, ainsi que l’inscription durable de ce type de programme dans les politiques nationales de santé publique, pour garantir une prise en charge continue, équitable et pérenne des jeunes face au VIH.
À lire également : HDL : l’alliée qui dérape ?
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
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Par Ana Espino | Publié le 2 décembre 2025 | 2 min de lecture<br>

