22/07/2025
Lipides et cancer du sein : la reprogrammation métabolique dans le viseur thérapeutique
Oncologie
Par Lila Rouland | Publié le 22 juillet 2025 | 2 min de lecture
#CancerDuSein #MétabolismeLipidique #FASN #Ferroptose #MicroenvironnementTumoral
Le cancer du sein (CS) reste l’un des cancers les plus redoutés, en particulier chez les femmes entre 30 et 60 ans. Si les avancées thérapeutiques ont permis de meilleures chances de survie, une réalité persiste : certaines tumeurs résistent, récidivent ou métastasent. En cause ? Une capacité remarquable des cellules tumorales à reprogrammer leur métabolisme lipidique. C’est l’un des constats phares mis en avant dans une revue récente publiée dans Molecular Cancer.
Des transporteurs de lipides à la synthèse d’acides gras en passant par l’oxydation mitochondriale, les cellules cancéreuses exploitent les lipides comme source d’énergie, de structure et de signalisation. Cette reprogrammation influence aussi le microenvironnement tumoral (TME), contribuant à l’évasion immunitaire et à la progression métastatique.
Les cellules du cancer du sein modifient leur comportement métabolique pour absorber davantage d’acides gras via des récepteurs comme CD36, FABP4 ou LDLR. Une fois à l’intérieur, ces lipides sont transformés par des enzymes clés telles que FASN (fatty acid synthase), ACC et SCD1, dont l’activité est fortement augmentée dans les tumeurs agressives et résistantes.
FASN est ainsi apparue comme un biomarqueur potentiel du cancer du sein HER2+ et triple négatif, liée à la résistance au tamoxifène et à la progression métastatique. Côté cholestérol, les enzymes HMGCR et SQLE, fortement activées, facilitent la formation de radeaux lipidiques propices à l’activation de récepteurs de croissance comme EGFR et HER2.
L’oxydation des acides gras (FAO) permet aux cellules tumorales de résister au stress métabolique, notamment dans les contextes de chimiothérapie. Les enzymes CPT1A et CPT2 sont associées à la prolifération et à la migration tumorale. À l’inverse, la ferroptose, processus de mort cellulaire induite par la peroxydation lipidique, constitue une vulnérabilité métabolique exploitable. Des cibles comme GPX4 ou ACSL4 sont aujourd’hui explorées en immunothérapie ou en combinaison avec des inhibiteurs CDK4/6.
Le rôle des lipides s’étend également aux cellules immunitaires du TME : macrophages, cellules NK, T et dendritiques présentent des altérations métaboliques qui réduisent leur efficacité antitumorale.
Des essais précliniques s'intéressent déjà à des inhibiteurs ciblant FASN (TVB-2640, orlistat), la synthèse de cholestérol (statines), la FAO (etomoxir) ou encore à des inducteurs de ferroptose.
L’objectif ? Restaurer la sensibilité des tumeurs aux traitements classiques tout en remodelant un microenvironnement tumoral immunocompétent.
Dans ce contexte, la reprogrammation lipidique s’impose comme une nouvelle frontière de l’oncologie de précision. Intégrer la lipidomique et cibler les voies métaboliques du cancer du sein pourrait ouvrir la voie à des stratégies combinées plus efficaces et durables, en particulier pour les formes agressives ou résistantes.
À propos de l’auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.
#CancerDuSein #MétabolismeLipidique #FASN #Ferroptose #MicroenvironnementTumoral
Le cancer du sein (CS) reste l’un des cancers les plus redoutés, en particulier chez les femmes entre 30 et 60 ans. Si les avancées thérapeutiques ont permis de meilleures chances de survie, une réalité persiste : certaines tumeurs résistent, récidivent ou métastasent. En cause ? Une capacité remarquable des cellules tumorales à reprogrammer leur métabolisme lipidique. C’est l’un des constats phares mis en avant dans une revue récente publiée dans Molecular Cancer.
Des transporteurs de lipides à la synthèse d’acides gras en passant par l’oxydation mitochondriale, les cellules cancéreuses exploitent les lipides comme source d’énergie, de structure et de signalisation. Cette reprogrammation influence aussi le microenvironnement tumoral (TME), contribuant à l’évasion immunitaire et à la progression métastatique.
Quand les lipides nourrissent la malignité
Les cellules du cancer du sein modifient leur comportement métabolique pour absorber davantage d’acides gras via des récepteurs comme CD36, FABP4 ou LDLR. Une fois à l’intérieur, ces lipides sont transformés par des enzymes clés telles que FASN (fatty acid synthase), ACC et SCD1, dont l’activité est fortement augmentée dans les tumeurs agressives et résistantes.
FASN est ainsi apparue comme un biomarqueur potentiel du cancer du sein HER2+ et triple négatif, liée à la résistance au tamoxifène et à la progression métastatique. Côté cholestérol, les enzymes HMGCR et SQLE, fortement activées, facilitent la formation de radeaux lipidiques propices à l’activation de récepteurs de croissance comme EGFR et HER2.
À lire également : HER2, la clé pour révolutionner la lutte contre le cancer
Oxydation lipidique et ferroptose : deux voies opposées, un même enjeu
L’oxydation des acides gras (FAO) permet aux cellules tumorales de résister au stress métabolique, notamment dans les contextes de chimiothérapie. Les enzymes CPT1A et CPT2 sont associées à la prolifération et à la migration tumorale. À l’inverse, la ferroptose, processus de mort cellulaire induite par la peroxydation lipidique, constitue une vulnérabilité métabolique exploitable. Des cibles comme GPX4 ou ACSL4 sont aujourd’hui explorées en immunothérapie ou en combinaison avec des inhibiteurs CDK4/6.
Le rôle des lipides s’étend également aux cellules immunitaires du TME : macrophages, cellules NK, T et dendritiques présentent des altérations métaboliques qui réduisent leur efficacité antitumorale.
Vers une oncologie lipidique ciblée ?
Des essais précliniques s'intéressent déjà à des inhibiteurs ciblant FASN (TVB-2640, orlistat), la synthèse de cholestérol (statines), la FAO (etomoxir) ou encore à des inducteurs de ferroptose.
L’objectif ? Restaurer la sensibilité des tumeurs aux traitements classiques tout en remodelant un microenvironnement tumoral immunocompétent.
Dans ce contexte, la reprogrammation lipidique s’impose comme une nouvelle frontière de l’oncologie de précision. Intégrer la lipidomique et cibler les voies métaboliques du cancer du sein pourrait ouvrir la voie à des stratégies combinées plus efficaces et durables, en particulier pour les formes agressives ou résistantes.
À lire également : Ferroptose : activer le fer pour vaincre les cancers résistants ?
À propos de l’auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.

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