05/08/2025
MAP2K1 : une mutation qui répond ?
Oncologie
Par Ana Espino | Publié le 05 Août 2025| 2 min de lecture
#Histiocytoses #MAPK #MEK #Cobimétinib #Tramétinib #Néoplasie
Les histiocytoses, telles que la maladie d’Erdheim-Chester (ECD) et la maladie de Rosai-Dorfman (RDD), sont des néoplasies hématologiques rares résultant d’une prolifération clonale de cellules dérivées de la lignée myéloïde. Longtemps perçues comme des maladies inflammatoires, elles sont aujourd’hui reclassées comme des entités néoplasiques, en raison de la découverte de mutations activatrices dans la voie de signalisation MAPK/ERK. Parmi ces altérations, les mutations de MAP2K1 sont fréquemment identifiées, notamment chez les patients BRAF non mutés.
Les inhibiteurs de BRAF ont démontré une efficacité remarquable dans les formes BRAF^V600E-mutées, transformant la prise en charge de ces maladies. En revanche, l’activité clinique des inhibiteurs ciblant MEK chez les patients porteurs de mutations MAP2K1 reste mal documentée, en particulier en situation réelle et hors essais cliniques contrôlés.
Cette étude a été initiée de sorte à évaluer de manière rétrospective l’efficacité des inhibiteurs de la voie MAPK chez des patients atteints d’histiocytoses MAP2K1-mutées. L’étude vise également à décrire leur tolérance, leur impact sur les localisations viscérales complexes, notamment cérébrales, et la durabilité des réponses obtenues.
24 patients porteurs d’histiocytoses (ECD, RDD, ou formes mixtes) avec mutation de MAP2K1 ont été sélectionnés. Ces patients ont été traités entre 2015 et 2023 par des inhibiteurs de la voie MAPK : cobimétinib (n = 20) ou tramétinib (n = 4). La majorité des patients avaient une atteinte multisystémique, dont le système nerveux central (SNC) chez 38 % d’entre eux.
Les résultats montrent une réponse objective dans 63 % des cas, dont 21 % de réponses complètes, selon les critères RECIST ou radioclinico-biologiques. L’activité intracérébrale a été observée chez plusieurs patients, avec une amélioration clinique notable. La durée médiane de réponse n’a pas été atteinte au moment de l’analyse, avec une médiane de suivi de 27 mois.
En termes de tolérance, 50 % des patients ont présenté des effets indésirables de grade ≥2, principalement cutanés, digestifs ou musculaires, nécessitant des ajustements de dose dans 42 % des cas. Aucun décès lié au traitement n’a été rapporté.
Les histiocytoses MAP2K1-mutées sont des néoplasies myéloïdes rares, désormais reconnues comme des maladies clonales à potentiel évolutif. Leur traitement reste difficile, notamment en cas d’atteintes viscérales ou neurologiques, en raison du manque de données cliniques sur les options thérapeutiques ciblées hors mutations BRAF.
Dans ce contexte, cette étude visait à évaluer l’efficacité réelle et la tolérance des inhibiteurs de la voie MAPK, principalement le cobimétinib et le tramétinib, chez des patients porteurs d’une mutation MAP2K1.
Les résultats confirment une activité antitumorale significative, y compris dans les localisations cérébrales, avec un bon profil de tolérance globale. Ces données soutiennent l’intégration des inhibiteurs de MEK comme stratégie ciblée dans ce sous-groupe de patients.
L’étude présente certaines limites, notamment son caractère rétrospectif, le faible nombre de patients inclus et l’hétérogénéité des sous-types histologiques, ce qui limite la portée et la généralisation des conclusions. Pour confirmer ces résultats et affiner l’usage des inhibiteurs de MEK, des études prospectives de plus grande envergure seront nécessaires. Elles devront également permettre de mieux caractériser les mécanismes de résistance et d’identifier des biomarqueurs prédictifs, afin d’optimiser la prise en charge personnalisée et durable des histiocytoses MAP2K1-mutées.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
#Histiocytoses #MAPK #MEK #Cobimétinib #Tramétinib #Néoplasie
Les histiocytoses, telles que la maladie d’Erdheim-Chester (ECD) et la maladie de Rosai-Dorfman (RDD), sont des néoplasies hématologiques rares résultant d’une prolifération clonale de cellules dérivées de la lignée myéloïde. Longtemps perçues comme des maladies inflammatoires, elles sont aujourd’hui reclassées comme des entités néoplasiques, en raison de la découverte de mutations activatrices dans la voie de signalisation MAPK/ERK. Parmi ces altérations, les mutations de MAP2K1 sont fréquemment identifiées, notamment chez les patients BRAF non mutés.
Les inhibiteurs de BRAF ont démontré une efficacité remarquable dans les formes BRAF^V600E-mutées, transformant la prise en charge de ces maladies. En revanche, l’activité clinique des inhibiteurs ciblant MEK chez les patients porteurs de mutations MAP2K1 reste mal documentée, en particulier en situation réelle et hors essais cliniques contrôlés.
Cette étude a été initiée de sorte à évaluer de manière rétrospective l’efficacité des inhibiteurs de la voie MAPK chez des patients atteints d’histiocytoses MAP2K1-mutées. L’étude vise également à décrire leur tolérance, leur impact sur les localisations viscérales complexes, notamment cérébrales, et la durabilité des réponses obtenues.
MEK inhibiteurs : un vrai tournant pour les histiocytoses ?
24 patients porteurs d’histiocytoses (ECD, RDD, ou formes mixtes) avec mutation de MAP2K1 ont été sélectionnés. Ces patients ont été traités entre 2015 et 2023 par des inhibiteurs de la voie MAPK : cobimétinib (n = 20) ou tramétinib (n = 4). La majorité des patients avaient une atteinte multisystémique, dont le système nerveux central (SNC) chez 38 % d’entre eux.
Les résultats montrent une réponse objective dans 63 % des cas, dont 21 % de réponses complètes, selon les critères RECIST ou radioclinico-biologiques. L’activité intracérébrale a été observée chez plusieurs patients, avec une amélioration clinique notable. La durée médiane de réponse n’a pas été atteinte au moment de l’analyse, avec une médiane de suivi de 27 mois.
En termes de tolérance, 50 % des patients ont présenté des effets indésirables de grade ≥2, principalement cutanés, digestifs ou musculaires, nécessitant des ajustements de dose dans 42 % des cas. Aucun décès lié au traitement n’a été rapporté.
Cibler MEK, stabiliser la maladie ?
Les histiocytoses MAP2K1-mutées sont des néoplasies myéloïdes rares, désormais reconnues comme des maladies clonales à potentiel évolutif. Leur traitement reste difficile, notamment en cas d’atteintes viscérales ou neurologiques, en raison du manque de données cliniques sur les options thérapeutiques ciblées hors mutations BRAF.
Dans ce contexte, cette étude visait à évaluer l’efficacité réelle et la tolérance des inhibiteurs de la voie MAPK, principalement le cobimétinib et le tramétinib, chez des patients porteurs d’une mutation MAP2K1.
Les résultats confirment une activité antitumorale significative, y compris dans les localisations cérébrales, avec un bon profil de tolérance globale. Ces données soutiennent l’intégration des inhibiteurs de MEK comme stratégie ciblée dans ce sous-groupe de patients.
L’étude présente certaines limites, notamment son caractère rétrospectif, le faible nombre de patients inclus et l’hétérogénéité des sous-types histologiques, ce qui limite la portée et la généralisation des conclusions. Pour confirmer ces résultats et affiner l’usage des inhibiteurs de MEK, des études prospectives de plus grande envergure seront nécessaires. Elles devront également permettre de mieux caractériser les mécanismes de résistance et d’identifier des biomarqueurs prédictifs, afin d’optimiser la prise en charge personnalisée et durable des histiocytoses MAP2K1-mutées.
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À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

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