27/08/2025
Voyager pour se reconstruire
Psychiatrie
Par Ana Espino | Publié le 27 août 2025| 2 min de lecture
#TroublesMentauxChroniques #Rehabilitation #Voyage #SanteMentale
Les troubles mentaux chroniques, tels que la schizophrénie, les troubles bipolaires ou les troubles de la personnalité borderline, ont un impact profond et durable sur la qualité de vie, l’intégration sociale et la capacité à participer pleinement à la vie communautaire. Ils s’accompagnent souvent d’un isolement relationnel, d’une routine quotidienne très structurée et de ressources limitées pour accéder à des expériences enrichissantes. Les approches classiques de réhabilitation psychiatrique se concentrent principalement sur le traitement médical, la gestion des symptômes et la stabilisation clinique, au détriment d’activités sociales ou culturelles pouvant favoriser l’épanouissement personnel.
Les voyages restent peu considérés dans la prise en charge, alors qu’ils sont pour la plupart des gens une source majeure de bien-être et de lien social. Pour les personnes suivies en psychiatrie, les vacances adaptées sont rares, freinées par le manque d’offres spécialisées, la crainte de rompre un équilibre de soins fragile et la peur des imprévus. Les soignants redoutent une aggravation des symptômes, tandis que les patients craignent le jugement des autres et l’absence d’accompagnement pendant le séjour.
Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à explorer les séjours organisés pour des personnes atteintes de troubles psychiques chroniques la possibilité de partir en vacances avec un accompagnement adapté. Elle vise à comprendre comment ces voyages, sans cadre thérapeutique formel, peuvent malgré tout contribuer à la réhabilitation psychiatrique en favorisant les liens sociaux, l’estime de soi, la rupture bénéfique avec la routine et l’ouverture à de nouvelles perspectives.
Cette étude s’appuie sur des entretiens menés auprès de onze voyageurs et de quatre infirmiers psychiatriques, ainsi que sur l’observation de deux séjours, l’un aux Pays-Bas et l’autre en Espagne. Les résultats mettent en évidence plusieurs bénéfices majeurs pour les participants. Les séjours ont permis aux participants de recréer des liens sociaux, parfois superficiels mais souvent durables, allant jusqu’à l’entretien d’amitiés et de projets communs. Ils ont renforcé l’estime de soi en offrant des récits et souvenirs positifs à partager, loin du cadre médical et des discussions centrées sur la maladie.
Les voyages ont aussi offert une rupture avec la routine, donnant un souffle nouveau à la vie quotidienne et stimulant des envies ou des projets personnels. Les participants ont pu endosser de nouveaux rôles – touriste, explorateur, organisateur – et développer des compétences rarement mobilisées dans leur vie habituelle, comme l’usage de langues étrangères ou la planification d’activités. Le plaisir pur – gastronomie, détente, découvertes – a constitué un enrichissement en soi.
Les infirmiers psychiatriques ont, quant à eux, trouvé dans ces séjours une occasion d’expérimenter une relation plus horizontale avec les patients, sans le poids des dossiers médicaux ni des contraintes institutionnelles. Le principal défi consistait à trouver un équilibre entre offrir la liberté nécessaire et maintenir un accompagnement sécurisant, notamment pour la gestion des médicaments et la prévention des crises.
Les troubles mentaux chroniques limitent fortement les opportunités d’intégration sociale et de rupture avec la routine quotidienne, rendant chaque occasion d’ouverture au monde particulièrement précieuse. Les voyages organisés, bien qu’exempts d’objectifs thérapeutiques formalisés, se révèlent être de véritables leviers de réhabilitation, favorisant la création et le renforcement de liens sociaux, l’estime de soi, la découverte de nouvelles expériences et la redécouverte de ses propres capacités. Ils offrent une parenthèse où liberté et sécurité se conjuguent, permettant aux participants de s’exprimer hors du cadre institutionnel et de revenir à leur quotidien avec un regard renouvelé.
Si la portée de ces résultats reste limitée par la nature qualitative de l’étude, ils ouvrent néanmoins la voie à une meilleure intégration des voyages adaptés dans les stratégies de réhabilitation psychiatrique et soulignent la nécessité d’en élargir l’accès à un public encore trop souvent privé de ces expériences.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
#TroublesMentauxChroniques #Rehabilitation #Voyage #SanteMentale
Les troubles mentaux chroniques, tels que la schizophrénie, les troubles bipolaires ou les troubles de la personnalité borderline, ont un impact profond et durable sur la qualité de vie, l’intégration sociale et la capacité à participer pleinement à la vie communautaire. Ils s’accompagnent souvent d’un isolement relationnel, d’une routine quotidienne très structurée et de ressources limitées pour accéder à des expériences enrichissantes. Les approches classiques de réhabilitation psychiatrique se concentrent principalement sur le traitement médical, la gestion des symptômes et la stabilisation clinique, au détriment d’activités sociales ou culturelles pouvant favoriser l’épanouissement personnel.
Les voyages restent peu considérés dans la prise en charge, alors qu’ils sont pour la plupart des gens une source majeure de bien-être et de lien social. Pour les personnes suivies en psychiatrie, les vacances adaptées sont rares, freinées par le manque d’offres spécialisées, la crainte de rompre un équilibre de soins fragile et la peur des imprévus. Les soignants redoutent une aggravation des symptômes, tandis que les patients craignent le jugement des autres et l’absence d’accompagnement pendant le séjour.
Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à explorer les séjours organisés pour des personnes atteintes de troubles psychiques chroniques la possibilité de partir en vacances avec un accompagnement adapté. Elle vise à comprendre comment ces voyages, sans cadre thérapeutique formel, peuvent malgré tout contribuer à la réhabilitation psychiatrique en favorisant les liens sociaux, l’estime de soi, la rupture bénéfique avec la routine et l’ouverture à de nouvelles perspectives.
Et si partir aidait à guérir ?
Cette étude s’appuie sur des entretiens menés auprès de onze voyageurs et de quatre infirmiers psychiatriques, ainsi que sur l’observation de deux séjours, l’un aux Pays-Bas et l’autre en Espagne. Les résultats mettent en évidence plusieurs bénéfices majeurs pour les participants. Les séjours ont permis aux participants de recréer des liens sociaux, parfois superficiels mais souvent durables, allant jusqu’à l’entretien d’amitiés et de projets communs. Ils ont renforcé l’estime de soi en offrant des récits et souvenirs positifs à partager, loin du cadre médical et des discussions centrées sur la maladie.
Les voyages ont aussi offert une rupture avec la routine, donnant un souffle nouveau à la vie quotidienne et stimulant des envies ou des projets personnels. Les participants ont pu endosser de nouveaux rôles – touriste, explorateur, organisateur – et développer des compétences rarement mobilisées dans leur vie habituelle, comme l’usage de langues étrangères ou la planification d’activités. Le plaisir pur – gastronomie, détente, découvertes – a constitué un enrichissement en soi.
Les infirmiers psychiatriques ont, quant à eux, trouvé dans ces séjours une occasion d’expérimenter une relation plus horizontale avec les patients, sans le poids des dossiers médicaux ni des contraintes institutionnelles. Le principal défi consistait à trouver un équilibre entre offrir la liberté nécessaire et maintenir un accompagnement sécurisant, notamment pour la gestion des médicaments et la prévention des crises.
Des vacances qui changent la vie
Les troubles mentaux chroniques limitent fortement les opportunités d’intégration sociale et de rupture avec la routine quotidienne, rendant chaque occasion d’ouverture au monde particulièrement précieuse. Les voyages organisés, bien qu’exempts d’objectifs thérapeutiques formalisés, se révèlent être de véritables leviers de réhabilitation, favorisant la création et le renforcement de liens sociaux, l’estime de soi, la découverte de nouvelles expériences et la redécouverte de ses propres capacités. Ils offrent une parenthèse où liberté et sécurité se conjuguent, permettant aux participants de s’exprimer hors du cadre institutionnel et de revenir à leur quotidien avec un regard renouvelé.
Si la portée de ces résultats reste limitée par la nature qualitative de l’étude, ils ouvrent néanmoins la voie à une meilleure intégration des voyages adaptés dans les stratégies de réhabilitation psychiatrique et soulignent la nécessité d’en élargir l’accès à un public encore trop souvent privé de ces expériences.
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À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

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