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21/07/2025

Le futur des solaires tient à un film

Dermatologie et Vénérologie

Par Ana Espino | Publié le 21 juillet 2025| 2 min de lecture


#Photoprotection #Sunscreen #Nanomatériaux #Polymères #SPF



La photoprotection solaire constitue un pilier fondamental de la prévention des pathologies cutanées liées à l’exposition aux rayons ultraviolets. À l’heure où l’incidence des mélanomes et des carcinomes ne cesse d’augmenter, l’efficacité réelle des écrans solaires devient un enjeu de santé publique. Si les filtres UV organiques et minéraux actuellement utilisés offrent une protection théorique satisfaisante, leur performance dépend largement de la qualité du film formé à la surface de la peau. Or, en conditions réelles, la répartition inégale, la cristallisation des filtres, l’évaporation des solvants ou encore le frottement mécanique altèrent la cohésion du film cutané et compromettent l’indice SPF affiché. Par ailleurs, augmenter la concentration en filtres UV pour compenser ces pertes se heurte à plusieurs obstacles : risques d’irritation, mauvaise tolérance cosmétique, et impact environnemental.

Face à ces limites, de nouvelles approches formulatoires émergent, centrées sur la structure et la stabilité du film protecteur plutôt que sur la seule teneur en filtres. Cette revue examine les avancées récentes dans l’utilisation d’agents filmogènes hydrocarbonés et de nanomatériaux à base de carbone, qui permettent d’améliorer l’adhésion, la persistance et la photostabilité des écrans solaires.
 


Un film plus fort, un SPF plus haut ?


Cette étude repose sur l’analyse des dernières formulations solaires intégrant des polymères filmogènes hydrophobes et des nanomatériaux carbonés (fullerènes, nanodiamants). Ces composants améliorent la répartition des filtres UV, réduisent leur cristallisation et créent une barrière plus homogène et résistante sur la peau. L’utilisation de systèmes de type W/O, plus lipophiles, permet également une meilleure adhérence cutanée par rapport aux émulsions classiques O/W.


Les résultats confirment que les formulations enrichies en agents filmogènes hydrocarbonés et nanomatériaux carbonés apportent une amélioration significative de la photostabilité globale des écrans solaires. Ces formulations résistent mieux aux conditions environnementales, tout en conservant leur efficacité protectrice sur une durée prolongée. L’un des apports majeurs repose sur les propriétés antioxydantes des nanomatériaux comme les fullerènes, capables non seulement d’absorber les rayons UV, mais aussi de neutraliser les radicaux libres générés par l’exposition solaire. Cette double action permet de limiter les dommages oxydatifs au niveau des membranes cellulaires et du collagène cutané, tout en prolongeant la durée d’activité des filtres UV intégrés dans la formulation.

Par ailleurs, cette étude démontre que ces formulations favorisent une meilleure cohésion interfaciale, une répartition plus homogène des filtres UV, et une résistance accrue à l’eau, à la sueur et à l’abrasion mécanique. Ces observations confirment l’intérêt de ces nouveaux composants pour optimiser la performance des solaires dans des conditions d’usage réelles.
 

À lire également : Vitamine D et peau : lumière amie ou ennemie ?


Vers des solaires plus malins et plus stables


Les cancers cutanés liés à l’exposition aux UV et le photovieillissement restent des enjeux majeurs en dermatologie préventive. Face à l’inefficacité partielle des formulations solaires classiques en conditions réelles, les défis actuels résident dans l’amélioration de la stabilité, de l’adhérence cutanée et de la tolérance des écrans solaires, sans alourdir leur composition en filtres UV.


L’objectif de cette revue était d’explorer comment l’intégration d’agents filmogènes hydrocarbonés et de nanomatériaux à base de carbone permet de renforcer la performance globale des protections solaires, en particulier leur capacité à former un film homogène, stable et photoprotecteur à la surface de la peau. Les résultats montrent que ces composants innovants améliorent significativement la photostabilité, la cohésion et la résistance des films solaires, tout en apportant des effets antioxydants complémentaires. L'efficacité photoprotectrice ne dépend donc plus seulement du dosage en filtres UV, mais de la qualité structurelle du film appliqué sur la peau.


Les perspectives futures incluent le développement de formulations biocompatibles intégrant ces agents intelligents, la standardisation des protocoles de test sur peau humaine, ainsi qu’une évaluation approfondie de la sécurité et de l’impact environnemental des nanomatériaux. Ces avancées pourraient ouvrir la voie à une nouvelle génération d’écrans solaires plus sûrs, plus efficaces et mieux adaptés aux exigences actuelles en matière de santé cutanée et de durabilité.
 

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À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.




Source(s) :
Addae, A. J., et al. (2025). Advances in enhancing photoprotection of sunscreens using hydrocarbon film formers and carbon nanomaterials. Advanced drug delivery reviews, 222, 115607. ;

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