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01/08/2025

Virus oncolytiques : les tumeurs solides ont-elles trouvé leur match ?

Oncologie

Par Ana Espino | Publié le 01 Août 2025| 2 min de lecture


#Tumeur #VirusOncolytique #Oncologie #NouvelleTherapie



Les tumeurs solides à un stade intermédiaire ou avancé représentent un défi thérapeutique majeur. Leurs réponses limitées aux traitements conventionnels — chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie — laissent en effet un besoin criant pour des approches innovantes. Parmi celles-ci, les virus oncolytiques (OV) émergent comme une option prometteuse. Capables d’infecter et de détruire sélectivement les cellules tumorales, tout en stimulant une réponse immunitaire antitumorale, ces virus sont testés dans de nombreux types de cancers. Toutefois, leur efficacité réelle chez l’humain reste à clarifier, notamment en termes de survie et de réponse objective. Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à évaluer de manière systématique et quantitative l’efficacité clinique des virus oncolytiques dans le traitement des tumeurs solides intermédiaires à avancées, en analysant les résultats des essais cliniques disponibles.



Les virus ont-ils trouvé la faille des tumeurs solides ?


22 essais cliniques
publiés entre 2005 et 2023, regroupant 948 patients atteints de différents types de tumeurs solides (mélanome, cancer du foie, pancréas, poumon, colorectal…), ont été sélectionnés. Les patients ont été traités avec différents types de virus oncolytiques (HSV-1, adenovirus, vaccinia, reovirus), seuls ou en association avec d’autres thérapies (immunothérapie, chimiothérapie).


L’efficacité de ces virus a été évaluée en observant les variables de résultat suivantes : taux de réponse objective (ORR), Contrôle de la malade (DCR), Survie globale à 1 an (OS) et Survie sans progression (PFS).

L’analyse globale révèle un ORR de 22 %, indiquant que près d’un quart des patients ont présenté une réduction mesurable de la tumeur. Le taux de DCR atteint 58 %, incluant les réponses partielles, complètes et les stabilisations tumorales. L’OS à un an s’établit à 61 %, tandis que la PFS atteint 42 %.


En parallèle, les sous-analyses montrent que l’efficacité des virus oncolytiques est renforcée lorsqu’ils sont administrés en combinaison avec une immunothérapie, notamment les inhibiteurs de points de contrôle PD-1/PD-L1. Les tumeurs les plus réceptives à cette approche sont celles du mélanome, du foie et de l’ovaire. Enfin, les effets secondaires rapportés sont généralement modérés, dominés par de la fièvre, une douleur au site d’injection et une fatigue transitoire.



Une percée en marche, mais encore à stabiliser


Les tumeurs solides avancées sont parmi les plus complexes à traiter, du fait de leur résistance et de leur hétérogénéité. Cette étude avait pour objectif de mesurer l’impact clinique réel des virus oncolytiques dans ce contexte complexe.

Les résultats indiquent une efficacité modérée mais cliniquement pertinente, avec un bon taux de contrôle tumoral et des signaux positifs en termes de survie, notamment lorsqu’ils sont utilisés en combinaison avec des immunothérapies, telles que les inhibiteurs de points de contrôle. Ces données confirment le potentiel des OV comme option thérapeutique innovante dans les cancers solides avancés.


La diversité des virus utilisés, l’hétérogénéité des protocoles et la variabilité des réponses cliniques limitent aujourd’hui la généralisation des résultats observés. Pour consolider ces données prometteuses, des essais de phase III bien structurés et des stratégies de combinaison mieux définies sont nécessaires. L’avenir des virus oncolytiques repose probablement sur des approches personnalisées, guidées par des biomarqueurs prédictifs et adaptées au profil immunologique de chaque tumeur, afin d’en optimiser l’efficacité clinique.

À lire également : Reprogrammer la graisse pour affamer la tumeur ?




À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.




Source(s) :
Xu, J.-Z., et al. (2025). Efficacy of oncolytic virus in the treatment of intermediate-to-advanced solid tumors: a systematic review and meta-analysis. Journal of virology, 99(7), e0064025 ;

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