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18/06/2025

Neurodéclin : l’ombre d’une carence ?

Neurologie

#Alzheimer #SEP #Parkinson #Charcot #VitamineD  


Les maladies neurodégénératives telles que la sclérose en plaques (SEP), la maladie d’Alzheimer (MA), la maladie de Parkinson (MP) et la sclérose latérale amyotrophique (SLA) constituent un enjeu majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Leur prévalence est en constante augmentation, notamment en raison du vieillissement démographique. Ces affections se caractérisent par une perte progressive, irréversible et souvent multifocale des fonctions neurologiques, se traduisant par des déficits cognitifs, moteurs, sensoriels ou respiratoires selon la maladie concernée.


Les traitements actuels peuvent atténuer certains symptômes ou ralentir la maladie, mais ils ne stoppent pas la neurodégénérescence. Leur efficacité reste limitée, varie selon les patients, et s’accompagne souvent d’effets secondaires. De plus, l’absence de biomarqueurs fiables complique la personnalisation des soins. Ces limites renforcent le besoin urgent de trouver de nouvelles approches, mieux ciblées sur les causes de la maladie.

Dans cette optique, l’intérêt porté à des facteurs environnementaux modifiables, tels que la vitamine D, s’est intensifié. La vitamine D s’est en effet révélée être un acteur clé de l’immunomodulation, de la neuroprotection et de la régulation cellulaire via son récepteur nucléaire (VDR), présent dans de nombreuses régions du système nerveux central. Son implication possible dans la prévention ou le ralentissement des processus neurodégénératifs en fait un candidat sérieux pour des stratégies de modulation du risque ou d’adjuvant thérapeutique.


Cette étude a été initiée de sorte à évaluer le rôle potentiel de la vitamine D dans l’évolution de la SEP, de la MA, de la MP et de la SLA. L’objectif est de mieux comprendre les mécanismes impliqués, de faire le point sur l’état actuel des connaissances cliniques, et d’identifier les lacunes à combler pour une intégration future dans les stratégies thérapeutiques personnalisées.
 


Moins de soleil, plus de neurones en danger ?


Dans la sclérose en plaques (SEP), de nombreuses études observationnelles montrent une association entre de faibles taux de vitamine D et un risque accru d’apparition ou de rechute. Des mécanismes immunomodulateurs sont impliqués. La vitamine D inhibe les réponses pro-inflammatoires de type Th1 et Th17, tout en favorisant les lymphocytes T régulateurs. Certaines données suggèrent que des apports plus élevés pourraient réduire la fréquence des poussées et ralentir la progression du handicap.


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Dans la maladie d’Alzheimer (MA), les données expérimentales sont également encourageantes. La vitamine D semble jouer un rôle dans la clairance de la protéine bêta-amyloïde, la protection contre le stress oxydatif et l’amélioration de la plasticité synaptique. Ces effets sont médiés par l’expression du VDR dans l’hippocampe, une région clé dans la mémoire. Toutefois, les essais cliniques réalisés à ce jour produisent des résultats variables, souvent limités par des biais méthodologiques et des échantillons modestes.


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Concernant la maladie de Parkinson (MP), la vitamine D pourrait exercer une action neuroprotectrice sur les neurones dopaminergiques de la substance noire. Elle semble atténuer la neuroinflammation, améliorer la motricité dans les modèles animaux, et son déficit est fréquemment observé chez les patients parkinsoniens. Bien que certaines études suggèrent un lien entre carence et aggravation clinique, les preuves restent encore insuffisantes pour des recommandations thérapeutiques concrètes.


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Enfin, dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA), la littérature reste plus limitée mais néanmoins suggestive. Plusieurs études ont observé des niveaux sériques de vitamine D inférieurs chez les patients atteints, parfois associés à une progression plus rapide de la maladie ou à une survie réduite. La vitamine D pourrait agir via une modulation du stress oxydatif, une régulation du calcium intracellulaire et un effet protecteur sur les motoneurones. Des études précliniques ont montré une amélioration fonctionnelle chez des modèles murins de SLA traités par vitamine D. Toutefois, les essais cliniques restent rares, avec des résultats préliminaires à confirmer dans des cohortes plus larges et mieux contrôlées.
   

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Vitamine D : une piste qui reste à valider


Les maladies neurodégénératives se caractérisent par une perte progressive, irréversible et souvent multifocale des neurones du système nerveux central. Cette dégénérescence conduit à une altération fonctionnelle majeure — cognitive, motrice ou sensorielle — avec un impact profond sur la qualité de vie des patients. Dans un contexte thérapeutique encore largement symptomatique, où les interventions curatives font défaut, l’identification de facteurs environnementaux modifiables, capables d’influencer le cours de la maladie, devient un enjeu majeur.

La vitamine D, au-delà de son rôle classique dans l’homéostasie calcique, apparaît comme un modulateur potentiel de la neuroinflammation, de la plasticité neuronale et du vieillissement cérébral. Cette revue confirme qu’une carence chronique pourrait contribuer à la progression de maladies comme la SEP, l’Alzheimer ou la Parkinson, via des mécanismes immunitaires et neurotoxiques.


Toutefois, les données disponibles restent fragmentées, en particulier pour Alzheimer et Parkinson, et les effets de la supplémentation restent débattus. Les essais randomisés contrôlés sont peu nombreux, souvent de faible taille, et avec une hétérogénéité méthodologique marquée. Des recherches plus rigoureuses sont nécessaires pour clarifier les dosages optimaux, les populations cibles, et les fenêtres thérapeutiques pertinentes. L’intégration de la vitamine D dans la stratégie préventive ou thérapeutique des maladies neurodégénératives devra reposer sur des données robustes, mais cette voie mérite une attention accrue.

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Source(s) :
Savran, Z., et al. (2025). Vitamin D and Neurodegenerative Diseases Such as MS, Parkinson's Disease (PD), Alzheimer's Disease (AD), and Amyotrophic Lateral Sclerosis (ALS): A Review of Current Literature. Current nutrition reports, 14(1), 77 ;

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