18/07/2025
Vitamine D et tuberculose : une protection surévaluée ?
Infectiologie
Par Ana Espino | Publié le 18 juillet 2025|2 min de lecture
#Tuberculose #VitamineD #Infectiologie
Malgré l’existence de traitements efficaces et de stratégies de prévention bien établies, la tuberculose (TB) demeure l’une des principales causes de mortalité infectieuse à l’échelle mondiale, touchant chaque année plus de 10 millions de personnes. Le défi reste particulièrement marqué dans les pays où les conditions de vie, l’accès limité aux soins et la co-infection par le VIH aggravent la vulnérabilité des populations. La prévention reste donc une priorité absolue de santé publique.
Dans ce contexte, la vitamine D a suscité un intérêt croissant en raison de ses propriétés immunomodulatrices. Elle participe à l’activation des macrophages, à la régulation des réponses inflammatoires, et à la synthèse de peptides antimicrobiens, impliqués dans le contrôle de l’infection tuberculeuse. De nombreuses études suggèrent qu’une carence en vitamine D pourrait être un facteur de risque d’infection par Mycobacterium tuberculosis ou de progression vers une maladie active. Ces observations ont naturellement conduit à envisager la supplémentation en vitamine D comme une stratégie de prévention complémentaire.
Cependant, les résultats des études restent partagés, variant selon les populations, les doses de vitamine D et les critères évalués. Faute de consensus, les recommandations cliniques sur son usage préventif contre la tuberculose restent incertaines. Cette étude a donc été initiée pour mieux comprendre le lien entre supplémentation en vitamine D et prévention de la tuberculose.
Six études incluant 15 677 participants provenant de pays à forte charge tuberculeuse ont été sélectionnées. Les sujets étaient indemnes de TB au départ, enfants ou adultes, avec des taux de 25(OH)D allant de déficients à normaux. La vitamine D était administrée par voie orale selon différents protocoles - quotidiens, hebdomadaires ou en bolus - sur des durées allant de trois à trente-six mois. Trois critères d’évaluation ont été retenus : l’infection tuberculeuse (diagnostiquée par IGRA ou TST), la survenue d’une tuberculose active et la fréquence des événements indésirables graves.
Ces travaux ne montrent aucun effet préventif significatif de la supplémentation en vitamine D sur l'infection tuberculeuse, ni sur la progression vers une tuberculose active. Le profil de tolérance était similaire entre les groupes supplémentés et ceux sous placebo, sans augmentation des événements indésirables graves. Les analyses en sous-groupes, qu’elles portent sur le statut initial en vitamine D ou la durée de la supplémentation, n’ont révélé aucun avantage supplémentaire. Quel que soit le schéma ou la population, aucun effet préventif clair n’a pu être démontré.
La tuberculose demeure l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières dans le monde, malgré des traitements efficaces. Parmi les défis actuels figure la recherche de stratégies préventives simples et accessibles, notamment dans les régions à forte endémie. L’idée d’utiliser la vitamine D, connue pour ses propriétés immunomodulatrices, comme outil de prévention a suscité un intérêt croissant, mais reste scientifiquement controversée.
L’objectif de étude était d’évaluer de manière rigoureuse si la supplémentation en vitamine D permettait de réduire le risque d’infection ou de progression vers une forme active de la maladie. Les résultats sont sans équivoque : aucun bénéfice préventif significatif n’a été démontré, que ce soit sur l’apparition de l’infection ou sur le développement d’une tuberculose active. La supplémentation systématique ne semble donc pas justifiée dans la population générale.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
#Tuberculose #VitamineD #Infectiologie
Malgré l’existence de traitements efficaces et de stratégies de prévention bien établies, la tuberculose (TB) demeure l’une des principales causes de mortalité infectieuse à l’échelle mondiale, touchant chaque année plus de 10 millions de personnes. Le défi reste particulièrement marqué dans les pays où les conditions de vie, l’accès limité aux soins et la co-infection par le VIH aggravent la vulnérabilité des populations. La prévention reste donc une priorité absolue de santé publique.
Dans ce contexte, la vitamine D a suscité un intérêt croissant en raison de ses propriétés immunomodulatrices. Elle participe à l’activation des macrophages, à la régulation des réponses inflammatoires, et à la synthèse de peptides antimicrobiens, impliqués dans le contrôle de l’infection tuberculeuse. De nombreuses études suggèrent qu’une carence en vitamine D pourrait être un facteur de risque d’infection par Mycobacterium tuberculosis ou de progression vers une maladie active. Ces observations ont naturellement conduit à envisager la supplémentation en vitamine D comme une stratégie de prévention complémentaire.
Cependant, les résultats des études restent partagés, variant selon les populations, les doses de vitamine D et les critères évalués. Faute de consensus, les recommandations cliniques sur son usage préventif contre la tuberculose restent incertaines. Cette étude a donc été initiée pour mieux comprendre le lien entre supplémentation en vitamine D et prévention de la tuberculose.
À lire également : Tuberculose et addictions : un trio fatal ?
Des doses de vitamine D, mais pour quels effets ?
Six études incluant 15 677 participants provenant de pays à forte charge tuberculeuse ont été sélectionnées. Les sujets étaient indemnes de TB au départ, enfants ou adultes, avec des taux de 25(OH)D allant de déficients à normaux. La vitamine D était administrée par voie orale selon différents protocoles - quotidiens, hebdomadaires ou en bolus - sur des durées allant de trois à trente-six mois. Trois critères d’évaluation ont été retenus : l’infection tuberculeuse (diagnostiquée par IGRA ou TST), la survenue d’une tuberculose active et la fréquence des événements indésirables graves.
Ces travaux ne montrent aucun effet préventif significatif de la supplémentation en vitamine D sur l'infection tuberculeuse, ni sur la progression vers une tuberculose active. Le profil de tolérance était similaire entre les groupes supplémentés et ceux sous placebo, sans augmentation des événements indésirables graves. Les analyses en sous-groupes, qu’elles portent sur le statut initial en vitamine D ou la durée de la supplémentation, n’ont révélé aucun avantage supplémentaire. Quel que soit le schéma ou la population, aucun effet préventif clair n’a pu être démontré.
À lire également : Manque de vitamine D : un risque pour l’esprit ?
Prévenir la TB par la vitamine D : espoir déçu ou piste ciblée ?
La tuberculose demeure l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières dans le monde, malgré des traitements efficaces. Parmi les défis actuels figure la recherche de stratégies préventives simples et accessibles, notamment dans les régions à forte endémie. L’idée d’utiliser la vitamine D, connue pour ses propriétés immunomodulatrices, comme outil de prévention a suscité un intérêt croissant, mais reste scientifiquement controversée.
L’objectif de étude était d’évaluer de manière rigoureuse si la supplémentation en vitamine D permettait de réduire le risque d’infection ou de progression vers une forme active de la maladie. Les résultats sont sans équivoque : aucun bénéfice préventif significatif n’a été démontré, que ce soit sur l’apparition de l’infection ou sur le développement d’une tuberculose active. La supplémentation systématique ne semble donc pas justifiée dans la population générale.
À lire également : Neurodéclin : l’ombre d’une carence ?
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Dernières revues
Manger sans peur : l’anticorps anti-IgE Omalizumab, nouvelle arme contre les allergies alimentaires

#Omalizumab #AllergiesAlimentaires #IgE #Anaphylaxie #Immunothérapie...
Vitamine D et tuberculose : une protection surévaluée ?

Par Ana Espino | Publié le 18 juillet 2025|2 min...